À 23 ans, j'ai fait le deuil de l'amour

Da
Dante60
le 11/02/2020
Bonjour à tous et à toutes,

Je ne sais pas trop ce que je recherche en postant ce message. Des témoignages ? Du réconfort ? Je ne sais pas. Ce message est un constat mais aussi une envie de vider mon sac, de me confier. J'ai 23 ans et j'ai fait le deuil de l'amour.

Pour moi l'amour est comme un mythe, entretenu par la littérature, le cinéma, les arts plastiques ou cette fête idiote de la Saint-Valentin qui approche à grands pas. Un mythe qui existe pour épicer les existences et leur donner un sens.

Un mythe qui me rappelle qu'en 23 ans de vie je n'ai pas connu d'amour sincère. J'ai déjà fait le deuil des amours de jeunesse que je n'ai jamais eus. Quand j'étais ado, cette période des premiers flirts et des premiers mamours, je voyais tous mes amis "en couple", alors que moi je restais seul. J'étais le "bon gros copain rigolo", celui qui fait rire et dont on rit, celui dont on apprécie la compagnie mais jamais au-delà de l'amitié. Même à l'école primaire où la plupart des enfants ont leurs "amoureux/se", je n'en n'ai pas eu. À savoir que mes parents n'ont jamais montré entre eux de démonstrations d'amour devant moi, et qu'ils étaient très pudiques quand il s'agissait de me démontrer quelques marques d'affection. L'amour a donc toujours été une notion très abstraite dans ma vie.

Est venu le temps de l'université. J'avais perdu 30kg entre les derniers mois du lycée et la rentrée à la fac. J'étais devenu beau, même si à l'époque je me trouvais absolument hideux. Et maintenant que je regarde les photos de cette époque, comme j'aimerais retrouver ce physique ! L'amour ne venait toujours pas à moi alors j'ai décidé de provoquer un peu le destin grâce aux sites de rencontres. J'ai trouvé quelqu'un, on s'est mis ensemble, ça a duré 2 ans. J'ai appris, le jour de mon premier anniversaire en sa compagnie, qu'il (oui, je suis gay) me trompait chaque semaine depuis qu'on se connaissait. Je l'ai quitté, je lui ai pardonné - premier "amour", on ne sait pas comment ça marche - je me suis remis avec. Et puis ça a continué ainsi l'année suivante alors je l'ai définitivement quitté. Je pensais être amoureux, j'ai réalisé que je m'étais mis avec lui juste parce que pour la première fois, on s'intéressait à moi, alors "contente-toi de ce que tu as et profites-en". Le temps a passé, j'ai voulu tester les "plans cul" puisque tout le monde a l'air de parfaitement s'épanouir avec ça. J'ai testé une ou deux fois. Et je me suis senti sale, animal. Ça va à l'encontre de mes mœurs. J'ai renoué avec l'amour et la sexualité 1 an après ma première rupture. Il était gentil, il était drôle, il était beau. Il était martiniquais. Je commençais à m'attacher fort à lui. Et un beau matin il m'a envoyé un SMS pour me dire qu'il était à l'aéroport, qu'il partait vivre en Martinique à tout jamais. Que nos chemins se séparaient ici. Il ne m'en avait jamais parlé avant. Premier déchirement. Quelques temps après j'ai cru rencontrer LA personne qui accompagnerait ma vie. Et comme j'étais amoureux ! Je n'ai jamais autant aimé quelqu'un. Pour la première fois de ma vie , je me projetais, j’imaginais ma vie à 2 avec lui. Tout se passait bien, on était comme deux âmes sœurs. Il était beau, intelligent, intéressant, drôle... Et puis au bout de 6 mois, il a décidé de me larguer le jour de mon anniversaire. Depuis je déteste ce jour de l'année. Je n'ai pas compris pourquoi il a voulu abréger notre relation. Mais je me rends compte, 3 ans après, que je pense quasiment chaque semaine à lui. Parfois même encore je rêve de lui. Bref, ma croyance en l'amour avait déjà été bien amputée depuis ce jour.

Ça fait maintenant 3 ans que je suis seul. Dans la vie "IRL", je ne fais jamais de rencontres spontanées. La seule personne qui s'est intéressée à moi "en vrai", c'était un collègue qui au final ne voulait que du cul. Ce qui ne m'intéresse absolument pas. Autrement, je suis transparent aux yeux de tous. On m'ignore, je passe inaperçu. Encore plus depuis 2 ans, période de mon déclin physique. Je me laisse aller. Prise de poids, je n'entretiens plus ma barbe aussi bien qu'avant, les cheveux se font la malle, je ne prends plus plaisir à bien m'habiller (pour qui faire tout ça ?). J'ai l'impression d'être hideux, d'être un monstre. Les monstres, eux, avaient l'avantage de fasciner les foules, on s'y intéressait. Ce n'est pas le cas pour moi. Et ce n'est pas qu'une impression puisque sur les sites de rencontres où je me connecte ponctuellement, chaque discussion est avortée ou on me bloque dès que l'on voit ma photo. Quand je passe - rarement - l'étape de la rencontre réelle, je n'ai soudainement plus de nouvelles ensuite. La plupart des gars que je rencontre ne me plaisent pas (moralement parlant). Mais si je les rencontre, c'est qu'ils semblent s'intéresser à moi alors "contente-toi de ce que tu as et profites-en". Pourtant, on aime louer mes qualités de cœur et d'esprit. Famille et amis sont unanimes pour dire que je suis intelligent, généreux, attentionné, à l'écoute, drôle (même si je n'ai pas vraiment le cœur à rire dans ce pavé), intéressant avec toujours une aventure à raconter, je m'intéresse à tout un tas de choses et suis ouvert à bien des discussions. Et puis en public, je souris, je pétille, je rigole haut, je parais dynamique. Mais rien de tout cela ne semble attirer ou charmer qui que ce soit. Je n'ai jamais un sourire de la part de qui que ce soit, un regard charmeur ou des mots doux.

Je ne suis absolument personne pour dire qui est mieux ou qui est moins bien que moi, qui mérite l'amour ou non. Mais je ne cache pas mon incompréhension quand je vois des gens méchants, vicieux, etc. trouver l'amour ou ceux qui, à peine célibataires, retrouvent quelqu'un et changent de conquêtes bientôt tous les 6 mois (comment parler d'amour quand l'amour entre et sort de leur vie comme dans un moulin ?).

Cupidon, s'il existe pour les autres, semble m'avoir oublié. Je m'en suis rendu compte lorsque, l'année dernière, j'ai appris que j'avais validé mon diplôme, seul dans la ville où j'étudie, et que je n'avais personne avec qui partager cette joie, tout comme je n'ai jamais personne pour partager mes peines (quand je dis ça, je parle de LA personne sur les épaules de qui on peu réellement se reposer). Je sais donc que l'amour est définitivement mort pour moi, et que jamais de ma vie je n'aurais cette épaule avec qui partager peines et joies. Même si j'ai goûté à ce qui semblait être l'amour, quand on y regarde, ce n'était pas du tout ça. Je compense donc cet amour que je n'aurais jamais par l'amour de ma famille, de mes amis, des animaux que j'aime tant. Et je fais le deuil de ce sentiment que je n'ai jamais eu (ou alors à sens unique) et que je n'aurai jamais ; le deuil de ces délicieux soirs d'été où le soleil tombe en même temps que la fraîcheur de la nuit qui arrive, où les criquets chantent en même temps que la douce odeur des fleurs et du foin qui se répand, où les peaux de deux beaux amoureux, encore chaudes des chaleurs de la journée, se frôlent et se touchent, en chahutant sur le tapis d'herbe d'un près qui, doucement, se fait auréoler d'un ciel étoilé. Et j'ai l'impression qu'en faisant ce deuil, la flamme qui brûlait auparavant en moi et me faisait tant pétiller, s'éteint, me rend triste, aigri, blasé de cette vie de solitude.

Si jamais vous aussi vous avez le témoignage d'une vie de célibat, (les témoignages de personnes plus âgées que moi m'intéressent particulièrement), de difficultés à trouver l'amour, de pistes éventuelles pour le trouver (ne me parlez pas de sport, ce n'est pas le remède à tout), n'hésitez pas à m'en faire part !

Merci d'avoir lu, à bientôt !
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