Du désir et de son urgence.

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ubik
le 24/10/2008
Le désir et son urgence...

Voilà bien une chose à laquelle je crois... Étrange, ce rapprochement entre deux personnes, quand on sait comment, le reste du temps, le rapport entre les corps, la distance sociale, établissent des règles impalpables mais strictes, des frontières hermétiques. Tout à coup, entre deux personnes, magie : les voilà qui non seulement s'abolissent, se transgressent, mais le franchissement en lui-même s'accompagne d'une émotion... Pas seulement de plaisir, même si celui-ci est intense. Il y a un sentiment de libération, d'accomplissement, de partage, de profonde osmose et un afflux d'émotions...
Je crois profondément à ce moment où j'abaisse toute défense, où je me livre dans ma plus simple nudité, où je donne tout ce que j'ai, où je m'abandonne à l'urgence de ces sensations, où j'abdique de mon vernis d'homo sapiens sapiens, où je renoue avec l'animalité la plus primitive et où je me fonds dans ce courant universel qu'est la Vie.
Aucun autre moment ne peut être comparé à ça. Lorsque nous faisons l'amour, nous retrouvons une part de nous qu'on nous a dérobée, le reste du temps. Une part tellement enterrée, le reste du temps, sous des tonnes et des tonnes de conditionnements, d'apparences policées, de vernis si soft et si correct. Tout à coup, voilà que nous nous aventurons dans l'intime, dans ces replis de chair qui sentent, où se dissimulent des poils qui sont comme autant de derniers témoignages du fait qu'on n'a pas encore réussi à tout nous arracher...

J'aime faire l'amour. Il me semble que c'est ce que je fais de mieux sur terre.

Cela pourra paraître triste aux yeux de certains... Mon patron par exemple, qui préfèrerait sans doute que ce que je fais de mieux, ce soit mon boulot. Mais je n'y peux rien, c'est ainsi.

Curieux car l'envie de faire l'amour participe des biais par lesquels l'espèce se perpétue ( maintenant, est-ce vraiment nécessaire, c'est une autre question ). Mais en même temps, l'amour est anti-social, il crée un isolement, un repli sur le nous deux très égoïste. C'est pourquoi la société encourage si vivement les naissances, et entoure la maternité de toute une imagerie si positive.

Perso, je trouve que le meilleur moment, c'est juste avant, dans l'anticipation du plaisir. Pendant, évidemment. Juste après, parce que je redouble de tendresse.

Quand aux enfants... j'ai déjà donné, merci.

Faire l'amour juste pour faire l'amour, c'est une des choses les plus merveilleuses qui nous soient données. Quel dommage qu'homo sapiens sapiens le vive sur un mode si problématique, qu'il en fasse tout un foin, presque une maladie, qu'il le vive si névrotiquement....

Tant pis pour lui. Et tant mieux pour ceux qui le vivent sainement et y trouvent bonheur, joie, accomplissement.

Le désir et son incandescence. Heureusement qu'ils sont là, sinon nous ne serions que des espèces de morts vivants, de machines à raisonner, à additionner, à aller bosser tous les matins, et se reproduire comme des lapins.

A vous lire,

Ubik.
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