L'enfant et la mort
Hello $đ
Encore mes questions prises de tĂȘte $đ Cette fois, je m'interroge sur les mĂ©canismes qui font que l'enfant prend conscience de la mort et de ses effets dĂ©finitifs...
Je me demandais si vous étiez nombreux à aborder la mort avec vos enfants (et comment vous l'abordez), ou si c'est tabou chez vous (question détournée, silence, à demi-mots...).
Perso, je n'ai pas attendu que mes enfants soient confrontĂ©s Ă la mort d'un proche de but en blanc pour en parler et mĂȘme pour les y confronter, Ă travers les morts de nos petits animaux... Mais je ne comprends pas trop ce qui dĂ©clenche le mĂ©canisme qui fait que l'enfant comprend, Ă quel moment (dĂ©pend de la maturitĂ©, d'aprĂšs moi).
Quand j'Ă©tais enfant, mon Ar-GP est dĂ©cĂ©dĂ©, j'avais 5 ans. J'aurais pu le voir dans son lit, mais tout le monde nous en a empĂȘchĂ©, ça parlait bas, ça ne disait pas son nom et je n'ai pas assistĂ© Ă l'enterrement. Pour moi, ce fut d'une incomprĂ©hension incommensurable. J'ai demandĂ© durant des mois oĂč Ă©tait mon Ar-GP, comment aurais-je pu prendre conscience de sa disparition, puisque je ne l'avais pas vu, je n'avais pas assistĂ© Ă l'enterrement ? $đ” Je n'avais que 5 ans, mais je me souviens de tout comme si c'Ă©tait hier....
Mes fils ont toujours vécu avec des animaux, et pas de ceux réputés pour vivre longtemps. Il y a eu (et encore maintenant) des rats, des lapins, des chiens (tous en vie, mais deux ne vivent plus chez nous).
Je vais commencer avec mon fils aĂźnĂ© qui, je dirais, me fait poser plus de question que le second. Celui lĂ a vu des animaux disparaĂźtre trĂšs tĂŽt dans sa vie, ça ne l'a jamais Ă©mu. Il y a deux ans et demi (il Ă©tait donc ĂągĂ© de presque 9 ans), son parrain est dĂ©cĂ©dĂ© Ă l'Ăąge de 33 ans d'une crise cardiaque... C'est lĂ que ça me pose soucis... Son pĂšre l'a annoncĂ© brutalement alors que lui mĂȘme Ă©tait dans la peine (c'Ă©tait son meilleur ami, un frĂšre) : "au fait, ton parrain est mort..." Fiston a juste fait : "ah..." aucune rĂ©action particuliĂšre, pas de larmes, rien. Et puis, l'Ă©tĂ© dernier, il m'en a reparlĂ©, m'a posĂ© des questions sur les circonstances, sur l'enterrement... Et puis, il m'a dit : "nathalie ne s'en remet pas, elle pleure tout le temps, je trouve ça nul". Nathalie Ă©tait la compagne, quand ça s'est produit, elle avait une petite fille, Ă©tait enceinte de jumelles dont l'une Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©e in-utĂ©ro, quelques jours plus tĂŽt (il y a vraiment de quoi avoir du mal Ă se remettre, il me semble). Et puis, tout Ă coup, il a explosĂ© en sanglots... Ce n'est que deux ans aprĂšs le drame qu'il s'est rendu compte qu'il ne le reverrait jamais plus... $đ”
Mon second, confrontĂ© comme son frĂšre Ă la mort des animaux, a dĂ©couvert sa lapine inanimĂ©e dans sa cage... on l'a portĂ© chez le vĂ©to, il n'a pas voulu la revoir une derniĂšre fois, ni lui dire adieu... Presque indiffĂ©rent. Pourtant, il avait beaucoup d'affection pour cet animal. C'Ă©tait en Ă©tĂ© 2006, il avait 5 ans et demi. En septembre de la mĂȘme annĂ©e, c'est une des rattes dans des circonstances particuliĂšrement horribles (moi, ça m'a rendue malade $đ ), mais pas de rĂ©action de sa part. L'Ă©tĂ© dernier, en juillet, nous sommes partis une dizaine de jours en vacances. Nos rats Ă©taient soignĂ©s par un autre passionnĂ©, nous sommes rentrĂ©s, Nono a dĂ©couvert sa ratte avec une Ă©norme tumeur mamaire, dĂ©jĂ prise par la gangrĂšne d'un escarre. Trop tard pour la soigner $đ J'ai annoncĂ© avec beaucoup de prĂ©caution (fiston Ă©tant trÚÚÚÚs attachĂ© Ă cette ratte avec laquelle il se baladait constamment) qu'il fallait l'euthanasier. Ne comprenant pas le mot, j'ai utilisĂ© celui des vĂ©to : endormir... Quel mot inappropriĂ© ! Il a eu un Ă©clair de joie dans les yeux : "comme ma dent chez le dentiste ?"... Ah euh... Non, pas exactement. J'ai expliquĂ© en quoi ça consistait. Son visage s'est fermĂ©, il est allĂ© dans sa chambre, son chagrin a durĂ© plus de 2 heures, des sanglots Ă fendre l'Ăąme $đ il Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©. Ma ratte ayant Ă©tĂ© sauvĂ© un peu plus tĂŽt du mĂȘme mal, il m'a reprochĂ© de ne pas faire opĂ©rer sa ratte... Mais il n'y avait plus rien Ă faire pour celle-ci, pas mĂȘme une opĂ©ration et j'aurais donnĂ© n'importe quoi pour prolonger sa vie un peu si cela avait Ă©tĂ© possible. Il a pleurĂ© trĂšs longtemps contre moi. A la fin de cette semaine, il l'a emmenĂ© se faire euthanasier, trĂšs courageux, sans pleurer, mais en rĂ©alisant le matin mĂȘme la nĂ©cessitĂ© de le faire : l'escarre s'Ă©tait dĂ©chirĂ©. Par la suite, il est restĂ© fragile, un rien le faisait pleurer, il semblait clairement dĂ©primĂ©... il n'approchait plus non plus la cage des autres rats, il n'arrive pas Ă nouer une relation avec l'un d'eux comme avec celle lĂ .
La mort est quelque chose de violent, mais à mon sens, le chagrin l'est encore plus. J'ai été ébranlée par le leur parce que je l'ai reçu de façon violente. Mais pour moi, la mort fait partie intégrante de la vie, elle sera toujours douloureuse pour ceux qui restent. Je ne sais pas si on peut s'y habituer... Il y a la mort par accident, maladie, qui laisse un arriÚre goût d'injustice qui nous laisse triste et abattu et il y a la mort parce que c'est la fin de la vie (pour moi infiniment moins douloureuse, c'est une fin logique) qui ne nous émeut pas forcément, que l'on accepte justement parce qu'elle est logique.
Et chez vous ? Ca se passe comment ?
Bizzzzzz $đ
Encore mes questions prises de tĂȘte $đ Cette fois, je m'interroge sur les mĂ©canismes qui font que l'enfant prend conscience de la mort et de ses effets dĂ©finitifs...
Je me demandais si vous étiez nombreux à aborder la mort avec vos enfants (et comment vous l'abordez), ou si c'est tabou chez vous (question détournée, silence, à demi-mots...).
Perso, je n'ai pas attendu que mes enfants soient confrontĂ©s Ă la mort d'un proche de but en blanc pour en parler et mĂȘme pour les y confronter, Ă travers les morts de nos petits animaux... Mais je ne comprends pas trop ce qui dĂ©clenche le mĂ©canisme qui fait que l'enfant comprend, Ă quel moment (dĂ©pend de la maturitĂ©, d'aprĂšs moi).
Quand j'Ă©tais enfant, mon Ar-GP est dĂ©cĂ©dĂ©, j'avais 5 ans. J'aurais pu le voir dans son lit, mais tout le monde nous en a empĂȘchĂ©, ça parlait bas, ça ne disait pas son nom et je n'ai pas assistĂ© Ă l'enterrement. Pour moi, ce fut d'une incomprĂ©hension incommensurable. J'ai demandĂ© durant des mois oĂč Ă©tait mon Ar-GP, comment aurais-je pu prendre conscience de sa disparition, puisque je ne l'avais pas vu, je n'avais pas assistĂ© Ă l'enterrement ? $đ” Je n'avais que 5 ans, mais je me souviens de tout comme si c'Ă©tait hier....
Mes fils ont toujours vécu avec des animaux, et pas de ceux réputés pour vivre longtemps. Il y a eu (et encore maintenant) des rats, des lapins, des chiens (tous en vie, mais deux ne vivent plus chez nous).
Je vais commencer avec mon fils aĂźnĂ© qui, je dirais, me fait poser plus de question que le second. Celui lĂ a vu des animaux disparaĂźtre trĂšs tĂŽt dans sa vie, ça ne l'a jamais Ă©mu. Il y a deux ans et demi (il Ă©tait donc ĂągĂ© de presque 9 ans), son parrain est dĂ©cĂ©dĂ© Ă l'Ăąge de 33 ans d'une crise cardiaque... C'est lĂ que ça me pose soucis... Son pĂšre l'a annoncĂ© brutalement alors que lui mĂȘme Ă©tait dans la peine (c'Ă©tait son meilleur ami, un frĂšre) : "au fait, ton parrain est mort..." Fiston a juste fait : "ah..." aucune rĂ©action particuliĂšre, pas de larmes, rien. Et puis, l'Ă©tĂ© dernier, il m'en a reparlĂ©, m'a posĂ© des questions sur les circonstances, sur l'enterrement... Et puis, il m'a dit : "nathalie ne s'en remet pas, elle pleure tout le temps, je trouve ça nul". Nathalie Ă©tait la compagne, quand ça s'est produit, elle avait une petite fille, Ă©tait enceinte de jumelles dont l'une Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©e in-utĂ©ro, quelques jours plus tĂŽt (il y a vraiment de quoi avoir du mal Ă se remettre, il me semble). Et puis, tout Ă coup, il a explosĂ© en sanglots... Ce n'est que deux ans aprĂšs le drame qu'il s'est rendu compte qu'il ne le reverrait jamais plus... $đ”
Mon second, confrontĂ© comme son frĂšre Ă la mort des animaux, a dĂ©couvert sa lapine inanimĂ©e dans sa cage... on l'a portĂ© chez le vĂ©to, il n'a pas voulu la revoir une derniĂšre fois, ni lui dire adieu... Presque indiffĂ©rent. Pourtant, il avait beaucoup d'affection pour cet animal. C'Ă©tait en Ă©tĂ© 2006, il avait 5 ans et demi. En septembre de la mĂȘme annĂ©e, c'est une des rattes dans des circonstances particuliĂšrement horribles (moi, ça m'a rendue malade $đ ), mais pas de rĂ©action de sa part. L'Ă©tĂ© dernier, en juillet, nous sommes partis une dizaine de jours en vacances. Nos rats Ă©taient soignĂ©s par un autre passionnĂ©, nous sommes rentrĂ©s, Nono a dĂ©couvert sa ratte avec une Ă©norme tumeur mamaire, dĂ©jĂ prise par la gangrĂšne d'un escarre. Trop tard pour la soigner $đ J'ai annoncĂ© avec beaucoup de prĂ©caution (fiston Ă©tant trÚÚÚÚs attachĂ© Ă cette ratte avec laquelle il se baladait constamment) qu'il fallait l'euthanasier. Ne comprenant pas le mot, j'ai utilisĂ© celui des vĂ©to : endormir... Quel mot inappropriĂ© ! Il a eu un Ă©clair de joie dans les yeux : "comme ma dent chez le dentiste ?"... Ah euh... Non, pas exactement. J'ai expliquĂ© en quoi ça consistait. Son visage s'est fermĂ©, il est allĂ© dans sa chambre, son chagrin a durĂ© plus de 2 heures, des sanglots Ă fendre l'Ăąme $đ il Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©. Ma ratte ayant Ă©tĂ© sauvĂ© un peu plus tĂŽt du mĂȘme mal, il m'a reprochĂ© de ne pas faire opĂ©rer sa ratte... Mais il n'y avait plus rien Ă faire pour celle-ci, pas mĂȘme une opĂ©ration et j'aurais donnĂ© n'importe quoi pour prolonger sa vie un peu si cela avait Ă©tĂ© possible. Il a pleurĂ© trĂšs longtemps contre moi. A la fin de cette semaine, il l'a emmenĂ© se faire euthanasier, trĂšs courageux, sans pleurer, mais en rĂ©alisant le matin mĂȘme la nĂ©cessitĂ© de le faire : l'escarre s'Ă©tait dĂ©chirĂ©. Par la suite, il est restĂ© fragile, un rien le faisait pleurer, il semblait clairement dĂ©primĂ©... il n'approchait plus non plus la cage des autres rats, il n'arrive pas Ă nouer une relation avec l'un d'eux comme avec celle lĂ .
La mort est quelque chose de violent, mais à mon sens, le chagrin l'est encore plus. J'ai été ébranlée par le leur parce que je l'ai reçu de façon violente. Mais pour moi, la mort fait partie intégrante de la vie, elle sera toujours douloureuse pour ceux qui restent. Je ne sais pas si on peut s'y habituer... Il y a la mort par accident, maladie, qui laisse un arriÚre goût d'injustice qui nous laisse triste et abattu et il y a la mort parce que c'est la fin de la vie (pour moi infiniment moins douloureuse, c'est une fin logique) qui ne nous émeut pas forcément, que l'on accepte justement parce qu'elle est logique.
Et chez vous ? Ca se passe comment ?
Bizzzzzz $đ
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