Une mère incapable de comprendre que son enfant manque d'amour

Le
Leenox
le 29/06/2019
Juste envie de laisser un petit témoignage sur une histoire vieille de 20 ans pour moi:

enfant ma mère était particulièrement nerveuse et submergée d'en prendre trop sur ses épaules (son boulot, trop seule physiquement pour m'élever, sa famille peu aidante et peu à l'écoute, trop de tâches ménagères, etc.) Le résultat fut simplement que quand je pleurais et avais besoin d'affection (de câlins, de baisers, de contacts physiques), elle me laissait en plan et partait, ou alors s'éloignait pour revenir ensuite me hurler dessus que si je n'arrêtais pas de pleurer, elle me frapperait, ce qu'elle faisait puisque la douleur de manque étant tellement forte en moi, je ne parvenais plus à contrôler mes pleurs qui devenaient comme "autonomes" et le temps qu'elle me baffe et me frappe. Après ça j'étais tellement détruite que je n'avais même plus de forces quelques temps de me relever, à peine de respirer (le minimum vital en somme). Pas de gros coups, des baffes (au visage, sur le dos, la tête), une hystérie rapide, quelques dizaines de secondes, des mots culpabilisants. Et une question sans sens de sa part "pourquoi tu pleures?"

Une mère incapable de comprendre le manque de toucher, le besoin de contacts physiques (et que c'était son rôle) et qui m'interdit (ne pouvant me surveiller/conduire/aller chercher/supporter la présence d'enfants chez elle) de voir les camarades de mon âge de qui je pourrais recevoir de l'affection et avec qui je serais censée faire ma vie de toute façon. Une "moi" enfant qui grandit avec un trou de manque à la place du coeur et se spécialise dans le don d'affection aux autres (elle qui n'en a pas reçue), puis une "moi" adolescente éperdue de colère et de haine qui s'attaque violemment verbalement à ses parents. Une "moi" jeune adulte éperdue de confusion et de perte de sens de la vie un long temps. Puis une "moi" adulte plus apaisée mais toujours pas réparée de cette enfance. Toujours inquiète avec un homme, à l'idée d'avoir un enfant, fuyante longtemps et plutôt rejetante désormais devant les partenaires idéaux (stables, bienveillants, courageux) peut-être pour s'éviter le dilemme de "Est-ce qu'on fait un enfant?" par peur d'être "aussi peu" à la hauteur que la mère voire "pas assez à la hauteur tout court"

Une "moi" toujours dans l'analyse fatigante (par peur, peur trop présente) et qui a peur d'être une mère c'est cela "dysfonctionnelle" (trop peu fonctionnelle) et malgré tout un effort de conscientisation de mes douleurs d'enfant, des raisons objectives (une mère totalement submergée, un père passif et lui aussi beaucoup trop occupé) J'ai 30 ans.
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