Il ne reste plus qu'une chose en laquelle croire...

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ubik
le 17/09/2015
Hello everybody,

Une éternité et demie que je n'étais plus venu ici ! Pur hasard si j'y atterris. Je cherchais quelque chose que j'avais fait, par mots-clés et hop, me retrouve dans mes messages privés. Je les ai relus, et j'ai été touché par ce que pas mal de gens m'ont envoyé. Je me suis dit, ça vaut sans doute le coup de refaire une apparition.

M'étonnerait pas qu'on m'ait oublié. Mais ça n'est pas plus mal : j'ai tellement changé... J'écrivais des posts à rallonge, je creusais profond, j'étais animé ( et le suis toujours ) par une grande envie de sincérité, d'authenticité... Enfin, certaines choses ont perduré, d'autres ont disparu...

Ce en quoi je crois... Moi, pour croire, je n'étais pas en reste ! Ah ça, j'en ai cru, des choses. J'ai toujours eu une propension à m'éloigner du réel, mais quand même, j'ai fait fort, dans mon genre. Je me suis aveuglé. Raconté de belles histoires. Je me suis joué du violon, comme on dit.

Et puis, en 2012 environ - bien qu'il y ait eu des signes avant-coureurs -, je me suis effondré. J'ai fini par ouvrir les yeux, et me dire que non, trop d'éléments, d'incidents, parfois très désagréables, ne "cadraient" pas avec la vision que j'avais du monde, de la Vie. Tout ça faisait pièces rapportées. C'est donc que ma vision ne supportait plus la comparaison avec la réalité. Qu'elle était fausse, donc.

Et puis, ma santé s'est dégradée aussi, et ça, également, ne pouvait pas coïncider.

Bref, j'ai décroché. De pas mal de choses. J'ai renoncé à la musique, notamment. Alors que c'était mon grand rêve.

Ma compagne m'a dit, à l'époque : tu dois te fixer un autre but. Reconstruire ta vie autour d'autres priorités. Mais je n'y parviens pas. Rien ne saurait remplacer mon idéal de cette époque. J'ai intégré le fait que c'était une construction de mon esprit, un rêve que je prenais pour la réalité. Mais j'ai compris ça intellectuellement, abstraitement. Sur le plan de l'affectivité profonde, je n'arrive pas à passer à la suite. Je suis un peu comme l'adepte d'une secte qui, après quatre décennies à croire à des fariboles ( oui, dans mon cas, quatre décennies, cela correspond, ça fait beaucoup, n'est-ce pas ? ), comprend qu'on s'est servi de lui, mais en attendant, est totalement inadapté au monde qui l'entoure. Un peu comme le film "Les visiteurs"... version moins comique, toutefois. Moi, personne ne m'a manipulé : je me suis piégé tout seul !

Maintenant, je peine à retrouver goût à la vie. Ma signification en ce monde en a pris un sérieux coup. C'est que tout ça allait si loin que ça engageait jusqu'à mon identité profonde, mon intégrité. Je suis maintenant comme une coquille vide. Sans but. Certes, j'ai gardé mon esprit, ma capacité à écrire, à réfléchir... Mais je n'ai plus de mission sacrée, je me retrouve à fonctionner en mode quotidien, comme plein de gens. Finie la transcendance, finie la sensation de construire, inexorablement, une œuvre grandiose qui me dépassait, d'aller droit vers un destin inamovible, destin dans lequel je serais impliqué dans une merveilleuse aventure musicale, mais aussi spirituelle.

Plus on a cru longtemps à une illusion, plus on a mal quand ça s'arrête. La terre est dure quand on retombe. Et si on tombe de haut, si on a plané longtemps...

A présent, je me méfie fortement de tout ce que je pourrais croire. Tout est sujet à caution. Sauf l'amour de mes proches et ce que je ressens pour ma compagne. Mais mes idées, mes conceptions, mes croyances...

La seule chose qui demeure certaine, inamovible, incontournable, incontestable, c'est ceci :

Quelle que soit la teneur de nos agitations, nos activités, nos allées et venues, notre idéal ou pas, à la fin, on crèvera tous.

Voilà ce dont je suis sûr : la mort nous attend, à terme. Cela, personne ne peut le contester ou tenter de le nier. Tout le reste est suspect, susceptible d'être démonté intellectuellement. Seule la mort résiste à tout lessivage, aussi intensif soit-il.

Et cela m'atteint. Il se trouve ( croyez-le ou pas mais c'est vrai ) que les angoisses de mort ont été si précoces chez moi que je les ai chassées ; non pas à coups de pensées bateau, vous savez, ces phrases-types que les gens répètent, ces automatismes de pensées qui permettent à la fois de répondre, soi-disant, à un thème, mais sans le traiter et en l'évacuant au plus vite... Non, moi je ne me réfugiais pas derrière des lieux-communs, comme la plupart des gens, face à ce sujet dérangeant. Inexplicablement, j'avais évacué le problème. Je ne me posais pas de questions vis-à-vis de la mort, je n'avais pas de réponse particulière, car la question n'existait pas !

C'est comme si, quelque part, j'avais bénéficié non pas d'immortalité, mais d'une ristourne, une rallonge. Comme si cela ne me concernait plus. J'ignore le mécanisme, mais il fonctionnait. Tout ce qui se rattachait à la mort, je le mettais de côté, un peu comme si quelqu'un dans la rue venait vous parler en Chinois. Ne comprenant pas ce qu'il raconte, vous oubliez et renoncez à traiter cette information. Moi, j'avais oublié la mort.

J'ai été gravement malade en été 2014, et en octobre suivant, lors d'une conversation avec ma compagne au téléphone, au lieu de répondre en fonction de mon système de pensée, qui en avait déjà pris un sérieux coup, j'ai laissé sortir, spontanément, ce qui venait des profondeurs. J'étais dans un état de fièvre, d'insomnie... Et je me suis entendu dire que si j'avais tant créé dans ma vie, c'était sans doute une façon personnelle de répondre aux angoisses de mort.

Angoisses de mort. Sitôt la phrase prononcée, c'est comme si tout un pan de moi-même, inconnu, m'était tout à coup rendu. J'en avais le vertige. Et depuis, ça me hante. J'y pense énormément. Je pense que je n'ai pas construit, en temps et heure, les défenses maladroites, les rationalisations, les « pare-excitation », diraient les psys, qui permettent d’apaiser le bonhomme, tant bien que mal. Je n’ai rien, rien du tout. Je me balade tout nu, vulnérable. Et à présent que mes croyances se sont effondrées, eh bien je me retrouve sans la moindre petite once de défense, face à cette vertigineuse angoisse. Je réévalue tout à cette aune et je me rends compte que finalement, je suis passé « à côté » de la vie, j’ai raté mille et une choses, j’étais comme un observateur extérieur, comme une sorte de voix off dans le film de la vie. Absent, pas concerné. S’imaginant, en tous cas, qu’il ne l’était pas.

A présent, je continue à gérer certains projets, mais je trouve tout dérisoire et j’ai bien du mal à consacrer des efforts à quoi que ce soit. En plus, je souffre très souvent ( dos, cervicales ), au point d’être parfois cloué au lit pendant 2 ou 3 jours d’affilée. Ceci, combiné avec des insomnies carabinées, m’impose un mode de vie bien particulier, pas toujours compatible avec une vie sociale normale.

Géographiquement, je suis assez isolé. Et depuis ma prise de conscience sur la musique, j’ai rompu le contact avec tous les amis musiciens ou presque, ce qui a réduit drastiquement le nombre de mes connaissances. Presque plus de sorties, en plus j’ai des problèmes d’argent… Je suis très seul, quoi. Ma compagne est très prise, débordée, entre ses enfants, chiens, chats, sa maison, son boulot plus les extras auxquels elle a recours pour tenter de gagner un peu plus d’argent… On se voit peu et j’en souffre. Et puis, elle a mis des distances entre nous pour se protéger, et je la comprends : entre la santé, le moral, je ne suis pas forcément facile à fréquenter.
Ah, je le redis : personne n’est obligé de me lire. Si vous trouvez ça long, eh bien lisez autre chose, c’est le plus simple. Moi, je ne changerai pas. J’ai besoin de me sentir vrai, et ça passe, entre autres, par le fait de prendre le temps, de creuser profond. C’est ainsi.

Donc, voilà… J’ai un énorme roman en cours, ça fait 7 ans que j’y travaille. Des peintures numériques et des réalisations plastiques. J’ai remis une petite activité musique en route, mais cette fois-ci sans me fixer aucun but, sans rien en attendre. Egalement, je me suis acheté une moto d’occasion et j’adore me balader avec. J'ai adopté un petit lapin. Voilà pour le principal.
Ce n’est pas tant « ce en quoi je crois » qui me définirait, je pense. Mais plutôt « ce en quoi j’ai cru, et en quoi je ne crois plus »…

A vous lire,
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